Rechercher
Fermer ce champ de recherche.
Ecole navale

Toujours viser plus haut

A l’École navale, les sorties terrains, les séances au stand de tirs sont gérées par la Formation Militaire au Commandement (FMC). Pour la majorité, les instructeurs viennent de la spécialité fusiliers marins. Parmi eux se trouve le maître Maxime qui nous raconte son parcours, de ses débuts en tant qu’élève jusqu’à devenir instructeur.

Un rêve de gosse

Fils de skipper, le monde maritime n’était pas inconnu au MT Maxime. Intégrer la Marine nationale n’était donc pas anodin pour lui. « Ça a commencé un peu comme beaucoup, par des vidéos, des reportages. Ça a été le déclic lorsque j’ai vu ces militaires patrouiller sur un zodiac ». Cette envie s’est concrétisée lorsqu’il a eu l’occasion de faire son stage en 4e à l’école des fusiliers marins. « Un coup de bol » qui l’a convaincu que c’était sa voie.

Quinze jours après avoir passé son baccalauréat, « histoire d’avoir quand même un diplôme avant de m’engager », il était à l’école des fusiliers marins prêt à entamer ce métier qu’il avait découvert il y a longtemps. « Ce que j’aime dans ce métier c’est à la fois pouvoir être militaire embarqué mais aussi à terre, on est marin mais pas que ! »

Une formation pas comme les autres

Rentré par la petite porte, comme il le dit lui-même, en 2012, il entame sa formation à Lorient en tant que quartier-maître de la flotte. C’est donc parti pour 4 mois à l’École des fusiliers marins pour Maxime, tout juste âgé de 18 ans. A cet âge, il se souvient avoir été marqué par la rusticité « c’est quelque chose auquel on n’est pas préparé quand on arrive du monde civil. On nous met dans les bois, avec quasiment rien et on mange très peu, on dort très peu ». Pendant ces 4 mois, beaucoup vont abandonner la formation. Pour réussir et devenir fusilier, il faut persister et avoir un bon mental. « C’est une spécialité dont chaque jour est différent. Un jour, on va faire une marche commando, on va aller se baigner dans une eau à sept degrés dans la cuve, le lendemain on va partir en marche topographique de nuit, dormir dehors, puis on va faire du zodiac. Une carrière de fusilier, elle peut être tellement diverse et variée. On peut se retrouver à un poste nautique, on peut faire du renseignement, on peut faire des groupes un peu plus spécialisés ».

La capacité à se remettre en question

« Il y a plein de moments où on se remet en question. Je pense que c’est humain ». Pendant sa formation, il y eu des moments de doutes et d’hésitations, jusqu’à essayer de se trouver une excuse pour partir. Mais il n’est jamais allé jusqu’au bout, n’est jamais passé à l’action comme ont pu le faire d’autres. Dans ces moments-là, « il faut réussir à se dire, bon, là j’en peux plus, mais les autres ont tout aussi froid que moi et même peut-être davantage ! » C’est dans ces moments-là, que l’on découvre pleinement la vie en collectivité, on crée des liens avec des personnes que l’on ne connaissait pas il y a quelques jours. « C’est justement cet esprit de corps qu’on va chercher chez les fusiliers. On ramasse ensemble, on participe aux activités physiques ensemble, on vit et on passe chaque étape ensemble ».

Le patron se souvient d’une anecdote qu’il a vécue lors d’une marche topographique aux côtés de son binôme, aujourd’hui devenu un très bon ami. C’était de nuit en forêt, les deux jeunes recrues étaient à la recherche d’une balise. « Cela faisait une heure et demi qu’on cherchait, au point où on a fini par allumer nos lumières. Un de leurs instructeurs, un second-maître ancien commando marine, qui les terrifiait tous à l’époque les a alors surpris en arrivant dans leurs dos. « Ok, là à trois cent mètres, vous êtes morts… Bande de boudin ! La balise, elle est là-bas ! », se souvient le MT Maxime. Malgré la terreur que leur inspirait cet ancien commando, l’instructeur FMC a alors trouvé très pédagogue la façon dont celui-ci les a guidés. Cette fameuse balise, au cœur de tous les soucis, était pile derrière un lac. « On s’est retrouvé tous les deux, pendant des heures dans le lac », se remémore en riant Maxime. En tant que jeunes élèves, cet instructeur était l’image du gradé qu’ils se faisaient, à la fois autoritaire et terrifiant mais tout autant capable d’enseigner.

De la vie en unité jusqu’à son envie d’instruire à son tour

Pour sa première affectation en unité, le jeune Maxine s’est retrouvé sur le porte-avion Charles de Gaulle. Ses premiers pas en unité furent particuliers. Habitué à être à terre, à marcher et à dormir en forêt, à patauger dans la boue, c’était tout nouveau pour lui d’être sur un bateau. Malgré quelques difficultés au début, il a réussi à s’intégrer au bord, en s’intéressant, en tant que jeune matelot, aux différentes spécialités qui existent sur le porte-avion. Un peu plus d’un an après, il a fait une permutation pour se retrouver au groupement fusiliers marins de Toulon. A la suite de ces trois ans, il retourne à Lorient pour faire son BAT à la suite duquel il est affecté à Brest. Il a enchaîné diverses missions et est ensuite retourné l’École des fusiliers marins, non pas comme élève cette fois, mais comme instructeur. « J’ai pu voir l’envers du décor de l’instruction ». 

A l’issu de cette expérience, il part pour 6 mois au brevet supérieur dans le but de devenir chef de section. Un an après avoir été affecté à la compagnie des fusiliers marins de Lanvéoc, on lui propose le poste d’instructeur à l’École navale. « J’ai toujours adoré l’instruction et c’était un poste qui m’intéressait depuis longtemps. En tant que chef d’équipe, j’ai adoré devoir parfois former et instruire mes équipes et les rattraper sur des trucs, sur des notions de base ».

Une spécialité qui vous envoie au bout du monde

Entre Djibouti, la Martinique, la Guyane ou encore Abou Dhabi, le maître Maxime a beaucoup voyagé pour diverses missions. Que ce soit pour des missions de protection ou pour la police des pêches, il en garde une expérience enrichissante. Il se souvient d’une journée qui aurait pu mal tourner en mission à l’étranger. Alors qu’il procédait à la garde de la base navale, une bagarre a éclaté devant l’entrée. Cette base faisait face à un palace, protégé par l’armée du pays. Un des militaires s’est d’ailleurs approché et a pris en joue l’attroupement. Malgré l’assourdissement et le désordre qui régnait, le fusilier a réussi à garder son sang-froid et à agir rapidement, réussissant à lui faire poser son arme. Le lendemain, devant son supérieur, on lui a demandé s’il aurait tiré. « « Oui, s’il avait ouvert le feu j’aurais tiré ». Coup de bol, il a appuyé sur la détente, mais par manque de formation, il a oublié de charger donc aucune balle n’est partie. Je l’ai vu ensuite raquer mais j’ai réagi avant lui ». En tant qu’instructeur, aujourd’hui il aime rappeler cette anecdote. Il met en avant le fait que « l’arme, on l’utilise en dernier recours ».

Vouloir évoluer

« Pour être fusiliers marin, il faut être prêt physiquement, être capable de courir, de nager, faire des pompes… » Le MT Maxime a eu une chance improbable. Il a rencontré un camarade classe, arrivé en terminale. Il avait tenté la formation, mais avait dû abandonner à cause d’une blessure. Malchance pour lui mais coup de chance pour Maxime. Il a ainsi pu recevoir de bons conseils. « Même si j’étais déjà en terminal, il n’y a pas besoin de s’y préparer six ans à l’avance. A partir du moment où on décide de faire un métier, que l’on est motivé, on peut commencer ».

Il faut vouloir également évoluer. Il a d’ailleurs le projet de poser le concours officier à l’École navale. Car après quelques années en tant qu’instructeur il a envie de faire évoluer la façon d’enseigner. Sa volonté de proposer une instruction plus pédagogique pour donner envie aux jeunes de rester et d’apporter eux-mêmes leur contribution sont sa motivation pour évoluer au sein de sa carrière et avoir plus de responsabilité.