Sportif de haut niveau à officier dans la Marine nationale
Né en 1990, le capitaine de corvette Morgan est passionné dès son plus jeune âge par la voile. Sportif de haut niveau pendant huit ans, il intègre à la suite du lycée naval, l’école des officiers de la Marine nationale, à Lanvéoc. Aujourd’hui, sous-marinier de carrière, il y est commandant des nouvelles promotions des toutes nouvelles recrues qui empruntent le même chemin que lui.
Passionné de voile
Déjà tout jeune, il était passionné de voile et commence très tôt la compétition. Pendant huit ans, il pratiquera cette discipline à haut niveau dans l’équipe de France, en laser Radial. Il n’est d’ailleurs pas le seul de sa famille à s’y intéresser. Aîné de trois enfants, son frère et sa sœur ont rapidement suivi le même chemin. Mais cette passion et ce rêve de concourir au niveau professionnel se termine au lycée et son chemin dévie alors vers la Marine nationale. « J’ai trouvé ma vocation dans la Marine parce que je ne pouvais plus faire de la voile, financièrement c’était extrêmement coûteux. J’étais à un niveau suffisant pour avoir à voyager partout en Europe toutes les deux semaines, mais insuffisant pour être intégralement pris en charge par les partenaires et sponsors. On était trois frères et sœurs en compétition en même temps et je suis l’aîné. Il a fallu donc que mes parents fassent un choix en mettant un âge limite à partir duquel on arrête la compétition ».
Un nouveau défi, une nouvelle passion
Déçu d’avoir dû arrêter la voile, il s’est mis à la recherche d’un nouveau défi. Et ce défi, il l’a trouvé au sein de l’armée. « Je ne me sentais pas de continuer dans un enseignement standard ». Inspiré par le personnage de Maverick dans Top Gun, il veut devenir pilote de chasse. « C’est ce qui m’a décidé à rentrer au lycée naval, en me projetant dans une carrière de marine ». Un choix de carrière qui s’amenuise rapidement à cause du développement d’une petite myopie qui à l’époque mettait fin à toute chance de rentrer dans l’aéronautique. Mais, Morgan ne s’avoue pas vaincu pour autant. Son oncle, officiers de marine sous-marinier, l’a beaucoup motivé au gré de nombreuses discussions, nourrissant son envie de suivre le même parcours. « Je suis passé de pilote de chasse à sous-marinier.
« Je suis passé de pilote de chasse à sous-marinier. C’est à la fois très différent, mais c’est en même temps très proche. C’est extrêmement technique, spécialisé, hautement qualifié, avec des parcours qui sont très longs ». Ainsi, il arrive au lycée naval en première puis enchaîne en prépa Maths Sup, toujours au lycée naval de Brest avant d’intégrer, à 20 ans, l’École navale. Et pourtant, la Marine ne fut pas si évident que ça pour lui. Toujours très sportif bien qu’il ait dû abandonner cette carrière, il a beaucoup hésité entre Saint-Cyr et l’École navale. « Je voulais servir la France. Ça c’était certain. » Car en effet, Saint-Cyr est connu pour cette image. Le sport est, en effet, au cœur de l’apprentissage, ce qu’on retrouve moins à l’École navale. « J’avais une vie très orientée sur la chose maritime, ce que je n’aurais pas trouvé à Saint-Cyr. J’ai donc hésité jusqu’à la fin et puis finalement, c’est les sous-marins qui m’ont poussé à entrer à l’École navale.
3 ans à l’École navale
Emballé par l’esprit de promotion dès le début, le jeune élève officier regrette l’union, la cohésion qui existait au lycée naval. Habitué à des groupes d’une vingtaine de personnes, il se retrouve dans une promotion de 100 élèves. « L’échelle de la cohésion est un peu différente. Il y a des groupes qui se créent ». Mais la première année est vraiment marquée par la découverte de l’indépendance pour ces jeunes adultes. Une rupture s’opère avec les parents car ils reçoivent leur premier salaire et deviennent ainsi autonomes financièrement. « Bien que j’avais quitté le foyer familial assez tôt, déjà par la voile et puis par l’internat, c’était vraiment une prise d’indépendance assez majeure ». Malgré son niveau déjà assez élevé, il a fallu « remettre les compteurs à zéro » pendant la formation maritime. « Il y a beaucoup d’élèves qui rentrent à l’École navale, qui n’ont jamais mis les pieds sur un bateau. Il faut alors tout recommencer à zéro. « Mais c’était intéressant, c’était une transmission d’un savoir-faire. J’ai également découvert la navigation hauturière, c’est-à-dire la navigation en haute mer. C’est ce que l’on apprend sur bâtiment école, c’est naviguer hors de nos zones littorales ».
L’École navale est un site pas comme les autres. Située à Lanvéoc, petite commune du Finistère, nichée en presqu’île de Crozon, elle est coupée du monde. « Le fait de se sentir au bout du monde en promotion à la fois sur l’École navale et dans les baraques que prennent les aspirants sur la presqu’île, c’est très enrichissant ». Ce sont des années extrêmement riches qu’il a traversées, avec un déploiement sur la mission Jeanne d’Arc, que lui et ses camarades, comme tous les bordaches, ont attendu avec impatience. « On met deux ans et demi à enfin apprendre à être chef de service. Et cette mission permet enfin de se professionnaliser ». C’est au moment de leur troisième année, lorsqu’ils descendent à Toulon, qu’ils commencent à « toucher du doigt » ce que va être leur métier, celui de chef de service des unités.
Sous-marinier, une certitude
« Je savais que si j’entrais dans la Marine, c’était pour être sous-marinier. Je n’avais pas trop de doute sur le fait que j’arriverais à aller jusqu’au bout, jusqu’à cette spécialité ». Lorsqu’on fait partie de ce monde de sous-marinier, on ne va pas le cacher, il faut aimer vivre enfermé avec les mêmes personnes pendant un certain temps. « C’est comme faire partie d’une communauté. C’est une spécialité, où nous ne sommes pas beaucoup et qui est très spécialisée. Nous avons tous énormément bossé pour y arriver et on en est fier. On peut peut-être parler d’esprit un peu corsaire ». Aujourd’hui, l’école de spécialité est appliquée directement sur la mission Jeanne d’Arc, ce qui ne se faisait à l’époque où le commandant Morgan a fait ses classes. Les officiers élèves qui souhaitaient intégrer la spécialité doivent avant tout effectuer deux ans de navigation sur bâtiments de surface, ce qui est toujours le cas aujourd’hui. Sur cette période de temps, les jeunes officiers se familiarisent et apprennent davantage sur le métier de chef de service, avant d’aller « gérer des Hommes dans les forces marines ». Le jeune enseigne de vaisseau Morgan a, lui, été affecté sur chasseur de mines pendant deux ans.
Il est ensuite rentré à l’École de nomination sous-marine à Toulon pour laquelle il a dû effectuer un cours initial de sous-marinier d’une durée de quatre semaines. Dans ce cours, on leurs enseigne les rudiments de la navigation sous-marine indispensables. Ce cours se finit par un oral qui sanctionne un apprentissage rapide. « C’est un cours qui est assez intense ». A la suite de tout ça, chaque candidat participent à un entraînement, leur premier, au sein des forces sous-marine. Une fois tout cela validé, ils peuvent être déployer « enfin » sur les sous-marins.
Affecté sur SNA et SNLE, il a été déployé sur plusieurs missions au cours de sa carrière. Ces deux types de sous-marins sont vraiment différents. « J’ai beaucoup aimé l’expérience qu’ils m’ont apportée. Les missions sur SNA sont très offensives, dans lesquelles le temps est extrêmement compté, ce qui est à la fois trépident mais on a aussi la sensation de ne pas avoir passé assez de temps sur chaque dossier. A l’inverse des SNLE, qui eux, ont des missions extrêmement défensives. On est tapis au fond des océans dans l’attente de l’ordre ultime. Chaque décision est extrêmement importante et peut mettre en péril la mission ».
Servir la France
Aujourd’hui, le capitaine de corvette Morgan vient tout juste de réussir le concours de l’École de guerre dont il commencera la scolarité l’année prochaine et ce, pendant un an. Par la suite, il souhaiterait retourner là où il a commencé, sur sous-marin et plus spécialement les sous-marins nucléaires pour poursuivre dans la filière du commandement comme commandant adjoint opération, commandant en second et commandant de sous-marins nucléaire d’attaque. Ils ne ferment pas pour autant au sous-marins nucléaires lanceurs d’engins. Il aimerait d’ailleurs y retourner dans un deuxième temps.
Continuer sa carrière dans la Marine nationale : le commandant ne se pose même plus la question. Quand il s’est engagé à 20 ans, il voulait servir la France, et cela n’a pas changé. « Je veux protéger la nation en donnant ma vie si cela est nécessaire ». Son envie de continuer vient aussi du fait qu’il est fier du métier qu’il fait. « C’est un métier hautement technique, extrêmement basé sur l’humain ». Un métier sans une bonne ambiance, une bonne équipe ce n’est pas l’idéal . C’est ce qui donne à la Marine tout son sens et qu’apprécie particulièrement Morgan. « C’est un métier qui fonctionne éminemment en équipe ». « On dit souvent que les sous-marins sont les outils les plus complexes que l’homme ait fabriqué. Je trouve alors qu’il y a une certaine forme de fierté à réussir à les mettre en œuvre, ou en tout cas, à être un des maillons de la chaîne de mise en œuvre d’outils aussi complexes ».